"Votre profil fait peur"

Avez-vous déjà entendu cette phrase ? D’un recruteur, d’un chasseur de tête, d’un RH, d'une amie… « Votre profil fait peur. » Vraiment ? Vous êtes sûr ? Peur ? Mais il fait peur à qui, par rapport à quoi ? Ce n’est pas un peu exagéré ?

Peut-être que la vraie question à poser est : « vous avez peur de quoi exactement quand vous dites que vous avez peur de mon profil ? »

Serait-il possible que vous ayez peur, allez au hasard, du fait que j’ai un double cursus franco-américain ? Que je parle plusieurs langues ? Que je puisse avoir 2 masters et un doctorat ou bien un bac+5 ? Que j’ai changé 3 fois de pays durant ma carrière ou 5 fois de postes et de domaines ? Que je fonctionne dans des environnements différents ? Que je sois capable faire le liens entre les situations improbables ? Que je sois curieuse ? Exigeante ? Que j’ai besoin d’être concentrée sur une finalité positive et non sur des concepts non mesurables ? Et qu’en même temps je puisse avoir un sens esthétique ? Plusieurs passions ? Que j’aime trouver plusieurs solutions au même problème ? Que j’utilise l’humour pour alléger certaines situations ? Que je puisse dire que je ne sais pas faire une chose et que je n’ai aucun problème à déléguer à une personne plus compétente ? Que je suis passée de salariée à indépendante puis salariée à nouveau….

C’est ça qui fait peur ? Ou bien « all of the above » ou encore « none of the above ». Probablement que, ce que vous exprimez, est tout simplement votre crainte de non-contrôle puisque vous ne pouvez pas cocher de case ? Et c’est ok puisque c’est ce que nous connaissons traditionnellement en France.

Et en même temps avez-vous pensé à l’opportunité de remplir plusieurs cases au lieu d’une seule ? Ou mieux, en construire des nouvelles ? De renforcer le système immunitaire de votre entreprise en utilisant la dimension fractale des personnes ? De vous appuyer sur leur histoire de vie et comprendre ce que ça leur a permis de faire et comment ils ont pu réussir autrement ? Qu’ont-ils développé comme capacités pour faire face à des passages de vie ? Quelle maturité émotionnelle ont- ils acquis grâce à un parcours non linéaire ? Projetez tout cela dans votre entreprise, dans l’équipe, et liez les avantages de ces parcours, qui vous paraissent décousus, à un résultat désiré. Pouvoir lire la personne dans toute sa complexité et percevoir ce que son parcours vous permet de faire autrement.

Imaginez un bref instant que ce qui vous inquiète est précisément ce dont vous avez besoin. Car si vous avez peur d’un profil un peu différent aujourd’hui, vous allez avoir peur longtemps ! Car il y a toute la génération Y à potentiel (sans vouloir généraliser) qui arrive avec des profils disruptifs ou que vous percevez comme tel. Y résister coûte plus cher qu’accompagner une transition.

Il y a une vraie opportunité de construire une transition douce et pérenne. La mise en place des traits d’union entre une culture de start-up et des systèmes traditionnels. Les anciens réflexes sont encore présents et tout n’est peux être pas à jeter. Et en même temps, on ne peut pas se couper du sens de l’histoire. Nous ne sommes plus à nous contenter de remplir une fonction, sécuriser.

La seule sécurité est le mouvement : savoir anticiper, s’adapter, installer de nouveaux paradigmes.

Cette réflexion s’applique bien sûr à tous les niveaux et non pas qu’au recrutement : les changements de cultures d’entreprises, les choix des prestataires extérieurs (pub, IT, coach, formateurs, …), le choix des systèmes informatique, la stratégie digitale, stratégie d’innovations …. Et a titre Individuel à toutes les décisions du quotidien chargées en émotions. Il est parfois possible d’effectuer des transitions douces.

Alors, de quoi avez-vous peur lorsque vous avez peur de changer ?

https://www.linkedin.com/pulse/votre-profil-fait-peur-s%C3%A9r%C3%A9na-a-massih?trk=mp-author-card